UN JOUR JE VAIS DEVOIR TE QUITTER …

Je t’ai connu il y a maintenant treize ans.

J’avais 15 ans et je venais du Sud.

Mon Sud.

Là où les cigales chantent dès le matin, là où l’apéritif est un sport national.

Là où le soleil brille 360 jours par an mais où le mistral peut vous rendre dingue.

C’est un accent qui chante, et un pastis toujours frais.

Là bas,

J’avais mes amies, mes amours de jeunesse, et pas du tout envie de partir.

J’ai suivi le pas, pas le choix.

J’ai débarqué dans cette immense ville où les passages du métro rythme la journée, où les gens déjeunent en marchant, et où à l’heure de l’apéritif les gens sont dans leurs voitures plutôt qu’en terrasse.

J’étais étrangère à tous ces gens là.

J’observais sans arriver à prendre le rythme.

Je n’avais pas beaucoup d’amie.

« Mon bahut » était pauvre en amusement, c’est d’ailleurs la seule année scolaire où mes résultats étaient exceptionnellement bons.

Et puis…j’ai pris le pli.

Je me suis mise à apprécier cette vie de dingue, j’ai aimé me perdre dans le métro, m’endormir et me réveiller à la mauvaise station.
J’ai aimé qu’on me donne rendez vous à l’autre bout de chez moi dans un quartier que je ne connaissais pas, j’ai appris à faire du vélo dans Paris et j’ai failli mourir dix fois .

Je me suis surprise à courir.

Pour tout, tout le temps, et par tout les temps.

En basket, en talons, en sandales.

Ici, l’important c’est d’aller vite.

Ne pas prendre le temps.

A quoi bon?

J’ai rencontré mes amies. Les vraies. Celles qui m’accompagne chaque jour.

Et puis cette ville a été le témoin des plus belles rencontres de ma vie.

J’ai rencontré celui par qui tout ce bonheur arrive.

Dans une rue escarpée de Montmartre, envahie par les touristes.

Un de ces jours où le temps s’arrête.

Un de ces jours où vous vous dites que vous avez bien fait de vous lever.

Les ballades en Vespa au milieu de la nuit, une coupe de champagne face à la Dame de Fer, des promesses, des mots doux, des yeux qui pétillent, deux coeurs qui battent ensemble, l’amour qui triomphe.

Un mariage prêt en 4 mois.

Simple, sans fioritures, sans robe longue ni voile, mais avec du champagne et une petit reine dans le ventre…

Cette ville a vu naître mes enfants.

C’est écrit sur le petit livret bordeaux.

Lieu de naissance : Paris.

A Marseille on se bat pour accoucher dans la cité phocéenne.

C’est une fierté.

La Bonne Mère prendra soin de vos enfants, elle viellera sur eux et indirectement sur vous.

Ici on ne se bat pas.

Ici on saute sur l’annuaire téléphonique dès le test de grossesse pour avoir une place dans une maternité, ici on change de sage femme tous les quatre matins.

Ici on manque l’infarctus à chaque commission pour l’obtention d’une place en crèche.

Puis on frôle la dépression quand la réponse est négative.

Ici on paye 18 euros la boîte de lait infantile, 6 euros la tétine de chez AVENT, 29 euros la crème solaire mais on a la chance, on a 3 boîtes de sérum phy’ pour le prix de deux alors restons positifs!

Mais c’est bien aussi… c’est autre chose disons…

Paris, je ne sais pas quand est-ce que je vais te quitter.

Un jour la rupture sera consommée et il faudra me laisser partir.

Certaines choses me manqueront, certes.

Mais ce jour là je partirai le sourire aux lèvres. et sans me retourner.

J’ai la chance de ne pas subir ma vie.

Je travaille près de chez moi, j’ai un appartement agréable et j’ai des amis avec des grandes terrasses et des jardins 🙂

Mais un jour quand je plongerai dans ma piscine, et que je prendrai mon petit déjeuner sur ma terrasse avec mes chères cigales, ce jour là, tu ne me manqueras pas.

Mais alors pas du tout.

Je vais attendre le temps qu’il faut

Mais un jour, ce sera mon tour …

Et ça va être le plus gros kiffe de toute ma vie.

Le genre de kiffe qui te donne mal à la tête pendant de longs jours, celui qui te fais planer à 10 000.

Je vais encore te supporter quelques temps …

Pas trop longtemps j’espère hein!

Je finirai par gagner, rien ne sert de courir il faut partir à point…

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11 réflexions sur “UN JOUR JE VAIS DEVOIR TE QUITTER …

  1. J’ai la chance d’être née dans le Sud et d’y être restée mais tu sais ici, le soleil se paye aussi…Et cher ! Et tout marche par relations même pour décrocher un job d’été !

  2. Quelle chance d’être née dans le sud ! Moi je suis née à Paris, je n’ai jamais quitté Paris plus d’une année (et toujours pour aller à l’étranger) et j’ai beau entretenir une relation ambiguë à ma ville – que j’adore et qui m’épuise parfois pourtant – je crois qu’elle me manquerait trop si je partais. Et pourtant, la douceur de vivre n’est pas ici…

  3. Trois ans que nous demandons nos mutations, trois ans que nous essuyant un refus…. mais chaque jour où presque je fais un tour sur le bon coin à la case location maison à Saint malo. .. enfant, mon voeux le plus cher était de quitter mon île pour la capitale, pour la dame de fer. Voilà mon histoire avec elle touche à sa fin. Moi aussi j’attends mon tour, il viendra c’est sûr! En attendant je rêve de jardin, d’espace d’horizon et de voir mon fils s’inventer des histoires de chevalier dans le jardin…

  4. Trois ans que nous demandons nos mutations, trois ans que nous essuyons un refus…. mais chaque jour où presque je fais un tour sur le bon coin à la case location maison à Saint malo. .. enfant, mon voeux le plus cher était de quitter mon île pour la capitale, pour la dame de fer. Voilà mon histoire avec elle touche à sa fin. Moi aussi j’attends mon tour, il viendra c’est sûr! En attendant je rêve de jardin, d’espace d’horizon et de voir mon fils s’inventer des histoires de chevalier dans le jardin…

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